La réalisatrice Mitra Farahani a sollicité Jean-Luc Godard pour lui présenter Ebrahim Golestan, monument méconnu du cinéma iranien. Godard avait alors proposé de commencer par une correspondance, histoire de voir si ça correspond... Les modalités seront les suivantes : chaque vendredi, Golestan, qui vit en Angleterre, enverra un e-mail a Godard, qui lui répondra le vendredi suivant depuis la Suisse. Durant vingt-neuf semaines, les deux Robinson nonagénaires, reclus dans leurs îles respectives, vont se mettre en scene l'un pour l'autre, partageant pensées et intimité... Intimités La rencontre des deux géants, tant attendue par Mitra Farahani, n'adviendra jamais. Godard en a probablement l'intuition, joignant a ses missives numériques des photos, des vidéos, des sons, offrant a la réalisatrice, mine de rien, la matiere pour fabriquer un autre film que celui qu'elle avait imaginé - un film potentiellement plus original que la simple captation d'un dialogue en présence... Golestan et Godard ne se connaissent pas, et ne parlent pas la meme langue. L'un vit dans un manoir dans la campagne anglaise, l'autre dans une maison aux volets clos, au ceur d'une petite ville suisse. On sourit a chaque fois que Golestan ouvre un e-mail de Godard, s'efforçant de percer les énigmes visuelles et sonores que lui envoie son facétieux correspondant. Un échange est-il seulement possible ? Ma solitude reconnaît la vôtre, confiait Godard, récemment disparu, a son alter ego. A partir de l'absence, ce film crée du plein, avec humour et gravité, dévoilant deux artistes dans l'intimité de leur pensée, a l'épreuve du monde et du temps qui passe.