Repousser les limites de l'espece humaine : voila a quoi semblent aspirer les coureurs qui, tous les quatre ans, s'élancent sur la piste du 100 metres, l'épreuve reine du programme olympique. Mais pour qu'Usain Bolt, recordman de la distance avec ses explosives 9 secondes 58, devienne le sprinteur le plus rapide de l'histoire, franchissant la ligne d'arrivée a quelque 44 km/h, il aura fallu plus d'un siecle de compétition, de perfectionnement technique et de préparation acharnée. A compter de l'année 1896, ou la Grece accueille les premiers Jeux olympiques modernes, sport et progres scientifique ne cesseront d'aller de pair. Profitant des inventions successives, comme celles du starting-block, de la piste en tartan ou du chronométrage électronique, les athletes entrent dans l'ere de l'optimisation du geste - position de départ, amplitude de la foulée, angle du buste fendant l'air - pour devancer leurs adversaires. Alors que le premier champion, l'Américain Thomas Burke, a gagné l'or en 12 secondes, il faudra des décennies pour que soit franchie la barre légendaire des 10 secondes chez les hommes, véritable mur du son rapporté a l'athlétisme... Mythologie Harold Abrahams, premier sprinteur professionnel et vainqueur des JO de 1924 ; Jesse Owens, qui, par la grâce de sa foulée, défia les théories nazies lors de ceux de Berlin, en 1936 ; Fanny Blankers-Koen et Wilma Rudolph, étonnantes championnes des Trente Glorieuses ; Valeriy Borzov, modele de l'Homo sovieticus issu de l'usine a champions que deviendra l'URSS et préfigurant l'entrée dans l'ere trouble du dopage... Les réalisateurs Jean-Christophe Rosé et Benoît Heimermann retracent avec élégance l'histoire d'une épreuve dont l'apparente simplicité cache une extraordinaire richesse, et qui s'aborde volontiers sous l'angle de la mythologie contemporaine. En égrenant la généalogie des athletes entrés dans la légende, ils explorent a travers eux ce que la performance a de fascinant et de vertigineux.